Je t’avais rejetée aux portes de l’oubli.
Ton souvenir s’était, peu à peu, affaibli.
Il était à deux doigts d’en enjamber le seuil,
Voilà que tu reviens pour empêcher mon deuil.
Mon père, un jour m’a dit : " Tu possèdes chez toi,
Dans un beau vaisselier, pour ta plus grande joie,
De belle porcelaine, un superbe service,
En usant chaque jour pour ton plus grand délice."
"Malencontreusement, une assiette se brise.
Tu en es consterné. Quel manque de maîtrise !
Ramassant les morceaux, tu te rends aussitôt,
Chez le raccommodeur, un véritable pro."
"Après quelques semaines, l’artiste a excellé.
Tu retrouves l’assiette, comme miraculée.
Tu as beau la scruter, on dirait qu’elle est neuve,
Tu en es enchanté, tu en oublies l’épreuve."
"Tu te sers de l’assiette, en fait, tout comme avant,
La lavant chaque jour et puis au fil des ans,
L’assiette se recasse, la colle ayant fondue,
Par la vieille blessure la voici refendue."
J’ai retenu l’histoire, je te la livre ici.
Mon père avait raison, disons lui donc merci.
Le vaisselier rangé aux portes de l’oubli,
Ton charmant souvenir de nouveau s’affaiblit.