Comme cela me manque un poème d’amour !
Alzheimer, je le crois, me joue un mauvais tour.
Même si j’en appelle à l’imagination,
J’ai de ce sentiment oublié l’émotion.
Je peux aimer la muse, elle est trop éthérée.
Les anciens souvenirs, eux, sont bien enterrés.
Je ne suis pas trop fou et puis, j’ai un miroir,
Serais-je donc déjà prisonnier du mouroir ?
Les mots sont bien présents. Ils ne signifient rien.
Je sais ce qu’ils contiennent, ne le sais que trop bien.
Ne pouvant pas offrir quelques années trop brèves,
Je ne me complais plus dans le monde des rêves.
Si les yeux, les cheveux, le sourire divin,
Ne sont que des images, ou des désirs anciens,
Je ne peux à ces mots donner toute leur flamme,
Comme cela me manque ces vers que je réclame !
Je suis le seul bourreau de ma condamnation.
Je viens de rejeter le grain d’une passion,
Car il n’aurait pas eu le loisir de germer,
Et en toute conscience, je me suis enfermé.
J’ai vieilli, c’est un fait, mais mes yeux le refusent,
Et quand le coeur s’emballe, cela point ne m’amuse.
Le tout proche avenir ne sera qu’érosion,
Et de fleurs éphémères, j’éclaire l’horizon.