J’ai fait un long voyage au fond de mon moi-même,
Ce moi-même fardé comme à la mi-carême.
J’ai enlevé les loups, les masques et les voiles,
Et dans le noir profond j’ai vu quelques étoiles.
J’ai cherché ma conscience, elle m’est apparue.
Pas trop tachée je crois, à ce qu’il m’a paru.
Je les connais trop bien ces quelques salissures,
Je ne les ai pas fuies et cela me rassure.
Je ne me suis cherché nulle mauvaise excuse,
Cela fait bien longtemps que moi je les récuse.
Je les ai contournées précautionneusement.
Elles en ont blanchi, fort généreusement.
Ce détour par l’esprit m’a pris beaucoup de temps.
Les idées emmêlées créaient l’encombrement.
J’ai fait un peu de tri, je les ai bien rangées,
Puis c’est vers le coeur que je me suis dirigé.
C’est à contre courant qu’il m’a fallu frayer,
Un chemin dans ce sang où j’ai tout déblayé.
De ces flèches rouillées j’ai arraché les pointes,
Il reste maintenant de bénignes empreintes.
Heureux de ce travail en mon for intérieur,
Serais-je pour autant plus fort à l’extérieur ?
L’avenir le dira sans doute à mon moi-même,
J’en écrirai peut-être un tout autre poème.
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