Je me suis toujours dit, c’est fini, bien fini.
Et cette idée-là ne date pas d’aujourd’hui.
La douleur du passé n’est pas indélébile,
Et croire le contraire frôlerait le débile.
Maintenant que ma vie a déjà fait son temps,
Je ne m’interdis plus les souvenirs printemps.
J’y puise quelquefois un peu de réconfort,
Car je n’ai à présent ni regret ni remords.
Je croise quelquefois ces parties de moi-même.
Je sais que sont éteints les langoureux "Je t’aime."
J’appelle à la rescousse, les fabuleux instants,
Oubliant aussitôt les morsures d’antan.
Je ne me complais plus en rêves insensés.
Je regarde tout droit et j’invite à danser,
La belle que je vois présenter ses atours,
Mais je ne fais jamais, plus de deux ou trois tours.
Je me souviens bien sûr ce que furent les peines,
Et je puise dedans en tarissant la veine.
Je me souviens aussi des émotions grisantes,
Quand j’écris tout cela, il faut que je ressente.
Certes j’embellis, j’enlaidis à foison.
Mais j’essaye pourtant de garder ma raison,
Celle qui m’a fait choisir la solitude,
Car nous étions bien deux acteurs des turpitudes.
Toi qui m’a écorché, toi que j’ai fait souffrir,
Nous qui avons connu aussi bien des plaisirs,
Prenons donc par la main nos meilleurs souvenirs,
Nos demains ne pourront que saisir l’avenir.
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