Un jour on m’a donné à boire une infusion.
"C’est du thé, mon ami, bon en cette saison."
Ce n’était qu’un tilleul et je l’ai détesté,
Je me suis écrié : "Mais il est faux ce thé !"
J’étais très jeune alors, c’est sans doute pourquoi,
Je hais la fausseté qui dans la vie fait loi.
J’aime les gens ouverts et je leur tends les bras,
Les autres je les jette, sans aucun embarras.
On me présente un thé qui paraît délectable,
J’attends un peu avant de préparer la table.
Dans le temps, trop pressé, j’ai souvent dégusté,
Je ne voyais pas qu’il était méchant ce thé.
Cette publicité qui me semblait sincère,
Etait, je le regrette, un peu trop mensongère.
Et le thé à l’amante, l’un des plus dangereux,
M’a souvent procuré des relents nauséeux.
Malgré ma grande audace et ma célérité,
Je n’ai pas dû savoir le bon thé mériter.
Commençant à douter, je me suis assuré,
Et ma complémentaire elle aussi est sans thé.
Mais n’ayant pas encor trouvé la science infuse,
Et comme les années, inexorablement m’usent,
J’ai choisi le café, pas décaféiné,
Et je vois bien plus clair, les sens aiguillonnés.