Le vent un peu trop fort fait frissonner le lac.
Le clochard accroupi fouille son havresac,
Qui porte bien son nom, c’est un peu sa maison,
Où il a enfermé ses torts et ses raisons.
Il est jeune et sourit en s’approchant de moi.
Nous partageons ensemble un peu de bon tabac.
Il ne dit pas un mot et ne demande rien,
Il fouille encore un peu et sort un vieux bouquin.
Je suis là et j’écris sur le banc très serein.
Les quelques gens qui passent, dévient de leur chemin.
De mon doigt sur les lèvres, pour qu’il ne dise rien,
Je lui tends un billet en caressant son chien.
Je raconte cela car je suis irrité,
Devant toutes ces chaînes, solide hilarité,
Où les bonnes paroles en trop bonne conscience,
D’un petit coup s’envolent, en leur insignifiance.
Moi, donneur de leçons ? Je n’en ai pas le droit !
Juste un peu la raison qui devrait faire loi.
Car devant notre porte il y a la misère,
Pourquoi pour celle-là aurions-nous des oeillères ?