Un rayon de soleil tout le monde est sorti
Je regarde les gens plus ou moins assortis
Une vie de province où le sourire est rare
Le parisien est-il un être si bizarre ?
Je regarde un étal un sourire apparaît
Je lui renvoie le mien et puis je disparais
Le visage se ferme ainsi que cette porte
Je ne reviendrai pas elle n’est pas accorte !
Je marche lentement je vais faire une escale
Voilà que me surprend une voix amicale
Je la connais c’est sûr mais où l’ai-je donc vue ?
Cela fait bien dix ans son prénom est perdu !
Bien qu’il fasse frisquet on s’installe en terrasse
La conversation roule et point ne me délasse
Elle parle d’hier et puis je me souviens
Je me sens un peu mieux le prénom me revient
Je me lance et je dis : « Et ton mari ça va ? »
« Nous avons divorcé » j’ai les pieds dans le plat !
Je lance deux ou trois tristes banalités
L’étal trop tôt quitté me paraît en beauté !
Je m’en doutais un peu c’était inévitable
J’hérite sur le champ de ce boulet portable
« On s’appelle c’est sûr ! » Elle a mes numéros
Je lui réponds « D’accord » et je tourne le dos !
Il y a des printemps qui commencent bien mal
Mon coeur est dépité il eût aimé le bal !
Les danses ? j’ai mon compte ! Et j’envoie tout valser
Puis je rentre chez moi à grands pas cadencés
Ma solitude dit : « Tu m’as fait peur tu sais ?
Je t’ai vu hésiter à transformer l’essai
Je lui réponds : « Mais non ! Je fus assez plaqué
Et pourquoi m’emmêler c’est trop alambiqué. »
Mais le coeur me titille en me soufflant : « Appelle !
Une manche partout tu vas perdre la belle ! »
Je tire à pile ou face et si la pièce est franche
Je le ferai si elle tombe sur la tranche ! »