Tous les ans ce jour-là j’embrasse une photo
Et je ne peux me joindre à ce beau concerto
Mais même habitué rien ne m’est plus amer
Sur une mer rêvée je fais une croisière
J’aperçois les deux bras et je navigue entre eux
Puis je plonge en leur sein et je me sens heureux
Mais toujours un peu vague est cette sensation
Et j’écume de rage et de désillusion.
Ce qui m’ennuie le plus dans ma foi disparue
C’est que ce fol espoir est à jamais perdu
Celui de retrouver la source de ma vie
Cette femme aux yeux bruns qui s’est trop vite enfuie
J’ai jeté aux orties tous les vieux chrysanthèmes
Il suffit simplement de lui dire « Je t’aime »
Tout en sachant fort bien qu’elle n’entendra pas
Car il n’existe pas l’improbable au-delà
Mais au-delà de tout je regrette toujours
Cette absence imposée qui m’a joué des tours
Cette voix inconnue m’est douleur trop muette
Et ce jour silencieux ne peut être une fête
Je vais donc lui offrir un bouquet de pensées
Je vais quelques instants me la ressusciter
Je vais l’emprisonner tout au fond de mon coeur
Nous ne serons que deux à rire de mes pleurs
Alors vous les mamans qui connaissez la chance
De voir de vos enfants l’amoureuse présence
Parfumez de douceur les fruits de votre coeur
Car vous êtes pour eux la plus belle des fleurs.
1917-1941