J’ai pris cette photo du banc
Bon sang lui aussi a vieilli !
Et lorsqu’il me voit titubant
Il est par le doute assailli
Je lui dis de ne pas s’en faire
Qu’il est fait d’un superbe bois
Que rouillent ceux qui sont en fer
Qu’en sa veine moi j’ai la foi !
"Le passant qui sur toi s’affaisse
Calme ses maux et très serein
Retrouve un peu de sa jeunesse
Même s’il n’est pas du Bas-Rhin
Le petit vieux dans son automne
Entend bien profiter de toi
Tu l’écoutes quand il chantonne
Sa voix est sourde or tu y crois
Même si le chien de mémé
Vient de temps en temps t’arroser
Elle aussi ne peut que t’aimer
Autant le soir qu’à la rosée"
Du coup le banc chasse ses doutes
Même le lac s’est déridé
Les deux me souhaitent bonne route
Au diable les noires idées !
Comme je ne suis pas de bois
Et qu’à cette vie je m’agrippe
Il ne faudrait pas cette fois
Que les bancs me prennent en grippe
Dans le lac dont je bâche l’eau
Les quelques poissons vaquent sains
Le banc me dit : "C’est rigolo !"
C’est contagieux je me sens bien !
Le lac ce n’est pas le Gulf Stream
L’eau est claire et c’en est divin
Juste pour me donner la rime
Là-bas le canard vit le pain !
Plus loin la pagaille est royale
Et nul ne se sent à l’aubri
Renaissance périt du râle
Et la douleur a parti pris
"JC je te laisse à tes doutes"
Me clame alors l’ami le banc
Et je sais pourquoi sur la route
Je te vois souvent titubant !"