Comme si, éprouvant un peu de blues, je revêtais une chemise pour cacher ce coeur que je veux d’écorché vif.
Comme si je savais pertinemment que ces cicatrices, qui ont tant de mal à se refermer, je les avais faites moi-même.
Comme si je m’étonnais qu’elles soient encore présentes alors que l’amour a disparu depuis belle lurette. ( C’est vrai qu’elle était belle, Lurette !)
Comme si je m’apercevais qu’à chaque fois que j’ai inscrit le mot "Amour" sur une page de ma vie, je l’avais écrit de la main droite, au crayon, sans me rendre compte que ma main gauche tenait une gomme qui suivait la mine lettre à lettre.
Comme si ( Oui je sais ça énerve !)
Comme si (donc !) en même temps que le coup de foudre, l’orage éclatait, me cachant ce coin de ciel bleu que j’avais cru entrevoir.
Comme si la voiture dont je devenais le pilote tombait en panne juste après quelques kiliomètres.
Comme si, mauvais mécanicien, je ne trouvais pas les outils pour la réparer.
Comme si (et oui encore !) je m’obstinais à prendre des photos avec un appareil n’ayant plus de pellicule.
Comme si, attablé au restaurant, j’avais commencé par le dessert.
Comme si, passager d’un avion, je n’avais pas eu la réaction d’aller chercher un parachute, me contentant du siège éjectable.
Comme si premier de cordée j’avais oublié mon piolet.
Comme si (faut bien que je justifie le titre non ?) aventurier depuis toujours j’avais perdu l’arche du bonheur.
Comme si ma destinée ne pouvait s’accommoder de n’aimer qu’une seule personne.
Comme si je ne pouvais même pas m’aimer moi-même.
Comme si ( patience encore une dizaine !) je ne pouvais m’empêcher de dire "I am the best" d’y croire et d’y croire encore.
Comme si j’endossais sans remords tous les reproches auxquels j’avais droit.
Comme si, ces reproches m’étaient faits, j’en étais persuadé et le suis encore, par des gens qui n’avaient rien compris.
Comme si j’étais désolé que personne n’ait réussi à trouver ce trésor enfoui au plus profond de mon coeur.
Comme si j’avais pris plaisir à brouiller les pistes afin d’être certain que celle qui trouverait le chemin, le mériterait vraiment.
Comme si j’avais oublié de lui donner une carte.
Comme si, tout compte fait, je ne regrettais rien.
Et me voici (Tiens manque quelque chose au début de cette phrase !) et me voici donc dos à dos, avec moi-même, ré…joui, mi-fa…tigué, mi-las, sur ce sol !
Comme SI…
J’enlève la chemise. Je chasse le blues.
J’entonne un chant où les notes se mêlent avec harmonie.
Le sourire me vient aux lèvres.
Je ferme les yeux et je plonge dans le ciel bleu de mes rêves, me réchauffant au soleil de mon désert, où les mirages deviennent réalités.
Comme si cela pouvait exister…
Comme si…